Le studio Sucker Punch a enfin sorti sa nouvelle œuvre, A.K.A Ghost Of Tsushima, l’une des dernières exclusivité de la génération PS4. Ce studio surtout connu pour la franchise des InFamous revient avec un open-world dans un cadre japon féodal. Il faut savoir que je suis un joueur qui commence à être lassé des open-worlds, pour deux raisons. Premièrement, c’est des jeux que je considère souvent trop longs. Deuxièmement, tous les open-worlds utilisent les mêmes mécaniques de game design. Des mécaniques qu’on a déjà vu mille fois ce qui me donne toujours un feeling de “liste de course”. Une liste qui contient des choses comme “remplir un arbre de compétences”, “rejoindre les points d’intérêt”, “attaquer des camps” etc… Et malgré tout, j’ai beaucoup aimé ce Ghost Of Tsushima. Alors, entrons dans le vif du sujet.
Le japon dans toute sa splendeur
Je commence ce test par le plus gros point positif de ce titre : la réalisation de son univers. Le japon féodal décrit dans Ghost Of Tsushima est tout simplement fascinant et donne envie de s’y investir.
Le jeu est tout d’abord très beau et fait honneur à cette fin de génération de console. La topologie de la carte et la répartition de la végétation sont criantes de réalisme. La météo dynamique, bien qu’un peu abrupte parfois dans ses changements, permet des effets de brumes, et de lumière ambiante tout simplement magnifiques. Les jours défilent avec plaisir et renforce cette sensation de grand voyage.
La culture japonaise a toujours beaucoup encouragé à la contemplation. Le titre ne déroge pas à la règle et a tendance à beaucoup insister sur les beaux panoramas, sur ces petits moments hors du temps qui pousse à profiter du paysage et de l’instant présent.
Ghost Of Tsushima : une épopée contemplative
Parmi les activités réparties sur la carte, on retrouve des petits sanctuaires qu’il faut honorer. Aussi, on trouve des espaces de méditation dans lesquels il faut écrire des haikus. Des onsens aussi, dans lesquels on peut se détendre pour augmenter la vie maximale et des bambous d’entraînements qu’il faut apprendre à couper à la chaîne avec le katana, entre autres…
Enfin, sachez que vous pouvez oublier les tours de synchronisation car il y en a pas (hourra !). La carte se découvre à mesure qu’on s’y déplace, point. Certains points d’intérêt peuvent apparaître sur la carte en parlant à des PNJs notamment. Mais pour trouver les autres, il vous faudra suivre des renards, des oiseaux dorés, ou simplement la direction du vent qui vous montre subtilement la direction à suivre pour continuer une quête. C’est simple dans l’idée, rien de bien révolutionnaire mais ça marche diablement bien. Au final, j’ai pas souvent ouvert la carte grâce à ce principe, si ce n’est pour voir le pourcentage du monde visité jusqu’à présent.
Le Gameplay de Ghost Of Tsushima
En terme de gameplay, le jeu ne surprend pas mais fait les choses bien. On peut courir, siffler son cheval pour les trajets plus longs, sauter, nager, se baisser, grimper. On débloque au bout d’un moment un grapin qui permet d’accéder à certaines zones.
Certains n’aimeront pas, mais on loot tous les items instantanément en appuyant sur une gâchette, sans animation, et ce même à cheval. Personnellement j’aime beaucoup, ça simplifie la récupération d’items sans avoir besoin de s’arrêter ou de descendre de son cheval. On perd en réalisme là où on gagne en confort d’exécution.
Si le jeu s’appelle Ghost Of Tsushima, c’est parce que le héros va durant l’aventure faire des écarts par rapport au code du Samouraï et se conduire comme un “Ghost”. En effet, Jin Sakaï est amené à éliminer des ennemis discrètement. Ces phases d’infiltration sont très classiques mais efficace. On se cache dans les fourrés et on appuie sur un touche derrière un ennemi pour des éliminations discrètes. Mais lorsque Jin décide d’affronter ses ennemis en face, la démarche est tout autre.
Focus sur les affrontements
Les affrontements représentent la partie la plus intéressante du gameplay. Si vous souhaitez respecter le code du Samouraï, vous affronterez vos ennemis en face. Nous disposons d’une touche pour parer, une pour les attaques légères et une pour les attaques puissantes. Ces dernières servent notamment à diminuer la jauge de garde des ennemis. Le pattern est donc en général le suivant : on commence par des attaques fortes pour détruire la garde de l’adversaire puis lorsqu’il peut plus se défendre on finit le travail. Sachant qu’il faut rester vigilant pour effectuer des “contres” en parant au bon moment, ou des esquives avec une autre touche pour éviter les attaques impossible à parer.
Les combats sont donc particulièrement dynamiques et demande un certain niveau de concentration (Samouraï oblige) pour les réussir facilement. De plus, Jin Sakaï le héros, débloque de nouvelles postures de combat au fur et à mesure de sa progression. Chaque posture est efficace contre un certain type d’ennemi. Du coup, en plus du pattern que j’ai cité ci-dessus, il faudra aussi “switcher” de posture pour optimiser les attaques en fonction de l’ennemi. Si l’ennemi possède un bouclier, une lance ou deux épées, il faudra changer autant de fois notre posture pour être plus efficace. Par contre, sachez que la caméra est loin d’être sage et vous fera défaut assez souvent. En particulier dans les endroits clos. En effet, il est impossible de “locker” un adversaire. C’est voulu par les développeurs, et intéressant en soi, mais pose problème avec la caméra régulièrement.
Quêtes et scénario
Venons-en au scénario, à la narration et aux quêtes. Ghost Of Tsushima nous permet donc d’incarner Jin Sakaï, dans un Japon du 13ème siècle, pendant une invasion Mongole sur l’île de Tsushima. Le jeu démarre sur cette invasion où des milliers de mongoles attaquent la modeste armée des 80 Samouraïs décidés à protéger le territoire. Le chef Shimura, oncle du héros, se fait capturer par le chef Mongol alors que l’on survit soi-même de justesse au combat.
L’histoire en soi tient sur un timbre-poste et se déroule sans grandes surprises. La trame principale est donc surtout un prétexte pour créer un contexte. En effet, je trouve que l’intérêt n’est pas l’histoire en elle-même mais plutôt le contexte qu’elle met en place. Car là où le jeu brille le plus je trouve, c’est dans ses quêtes annexes. Et ça, y a pas beaucoup d’open-worlds qui peuvent s’en vanter.
Car là où la trame principale se limite à “il faut sauver l’île et les habitants des Mongoles”, les quêtes secondaires permettent vraiment de raconter des histoires avec des personnages et des situations touchantes de par le contexte de guerre omniprésente, de tension et de peur. La plupart de ces missions font mouches. Il est en effet plus intéressant de regarder de plus près toutes les conséquences de l’invasion plutôt que l’invasion elle-même. Chacun est impacté à différents niveaux par rapport à ses préoccupations. La trame n’en reste pas moins agréable à parcourir mais un peu plus convenue : on libère progressivement l’île du joug des envahisseurs.
Samouraï ou Ghost ?
Un autre point très intéressant au niveau de l’histoire est le fait que le héros fait face à un dilemme complexe. Il est un Samouraï, un guerrier soigneusement éduqué par le code d’honneur de ces combattants. Il a appris à toujours se battre loyalement et avec honneur en faisant face à ses ennemis. Cependant pour gagner face à une menace beaucoup trop grande, l’honneur ne suffit plus. Il faut parfois faire des écarts et sortir du code d’honneur des Samouraïs pour s’en sortir. Ce qui est un vrai problème moral pour le héros qui ne cesse de se torturer l’esprit à ce sujet. Il s’agit là d’une thématique originale qui nous fait questionner aussi en tant que joueur. Je me suis retrouver plusieurs fois à éliminer des gens dans le dos et à le regretter plus tard à travers une cinématique.
L’aspect sonore de Ghost Of Tsushima
Si vous aviez suivi la conférence du dernier E3 de Sony en 2018, vous vous souvenez sans doutes de la prestation de flûte orientale effectuée juste avant le trailer. Cela représente bien la bande-son globale du jeu. Elle est composée d’instruments traditionnels en pagaille, et de symphonies classiques inspirées. Le tout avec Ilan Eshkeri et Shigeru Umebayashi en chefs d’orchestre. La musique est de très bonne facture et rend fabuleusement hommage à la filmographie de Akira Kurosawa. D’ailleurs, sois-dit en passant, un filtre visuel est disponible dès le début du jeu et permet de jouer en noir et blanc avec les défauts d’image des films de l’époque. C’est très sympa à tester, mais le jeu est si coloré qu’il est vite dommage de se passer des couleurs.
Le design sonore et les voix sont aussi réussies. J’y ai joué en japonais sous-titré pour plus d’immersion mais sachez que la voix française du Héros n’est autre que Damien Boisseau, le doubleur de Matt Damon notamment.
Ghost Of Tsushima : En conclusion
Le nouveau titre de Sucker Punch a donc été un très agréable voyage en ce qui me concerne. Alors oui les open-worlds me lassent beaucoup et oui, on y retrouve les mécaniques habituelles qui ne surprennent plus. Mais le jeu parvient à intéresser tout le long, grâce à une direction artistique magique, une ambiance fascinante, des combats techniques poussés et des moments de contemplation unique. De plus les quêtes secondaires et les personnages rendent le voyage assez inoubliable en définitive. Il faudra juste pardonner le fait que le jeu ne révolutionne clairement pas le style open-world et que la caméra n’en fait souvent qu’à sa tête. Alors oui je vous recommande Ghost Of Tsushima. Surtout si vous souhaitez vous lancer dans un long voyage initiatique et spirituel avec des questionnements moraux intéressants.
oui
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