Véritable mode que sont devenus les remakes ainsi qu’astuce marketing de la part des gros éditeurs, c’est au tour de l’impérial Shadow of the Colossus de monter sur scène. Ainsi, Bluepoint Games revient aux commandes avec l’accord du grand Fumito Ueda pour donner un coup de polish et sortir la version dont tout fans rêvaient. Attention, chef d’œuvre colossal à l’horizon !
Breath of the Colossus
Il est important de commencer par le commencement pour évoquer les nombreuses qualités, mais aussi les défauts de ce remake de Shadow of the Colossus. Précisons que cette version n’apporte en rien son supplément de boss, de niveaux, d’items… Elle propose la même expérience qu’à l’époque en rafistolant certains problèmes d’ergonomie, mais aussi un tout nouveau enrobage graphique qui ferait pâlir les remaster flemmard de cette génération. Vous l’aurez sûrement compris, cette édition est destinée avant tout à ceux qui n’auraient pas eu la chance de poser leurs mains sur l’œuvre sans que le frame rate vienne les gêner dans leur périple.
C’est après une inspiration bien forte et la bouche grande ouverte que nous pouvons affirmer que l’épisode original est dorénavant dans l’ombre de ce remake colossal. Il faut bien l’avouer le travail effectué est phénoménal et nous laisse sans voix. Gardant entièrement le squelette de l’original, Bluepoint Games s’est attardé sur toute la technique du titre. Que dire si ce n’est que nous sommes comblés et reconnaissants pour avoir la chance de rejouer à Shadow of the Colossus dans un tel état. Les gestes et actions de Wanda paraissent plus souples et moins «robotiques» dans un univers riche où l’eau, le sable, le vent, mais aussi la roche ont été retravaillé jusqu’à la moelle. Les seize colosses sont toujours aussi mémorables et nous saisissent de par leur majesté mais également par leur direction artistique. L’animation ainsi que les poils n’ont jamais parus si crédibles et vivants. Treize ans plus tard, l’excitation et l’admiration envers ces figures gigantesques sont toujours là et ne nous laisse en aucun cas indifférent.
Un tramway nommé Wanda
Même si les starlettes du jeu sont les titans, vous contrôlez le jeune Wanda accompagné de son fidèle destrier Agro venus sur ces terres antiques pour espérer réanimer sa bien aimé Mono. Prêt à tout pour accomplir sa destinée, vous serez à l’écoute de Dormin qui dictera vos faits et gestes et vous lancera sur la piste des seize colosses. Ce qui reste remarquable avec Shadow of the Colossus, c’est l’ingéniosité ainsi que la simplicité de son histoire. Tout laisse à penser que vous serez la proie de ces bêtes au vu de leur taille impressionnante. Il n’en est rien puisque bien vite, la tendance s’inversera et vous vous retrouverez dans la peau d’un chasseur ne laissant aucun répit à ces pauvres colosses.
C’est donc armé de vos flèches et d’une épée que vous devrez surmonter les créatures tout en essayant de trouver leurs failles. Chaque boss se révèle être une énigme que vous devrez déchiffrer grâce à un level design de haute volée. Ainsi pour espérer atteindre leurs points faibles vous devrez utiliser le décor tout en usant de votre position pour les attirer et s’accrocher à eux. Rien de bien compliqué au début, il faudra préserver et user de votre endurance à bon escient puisque si Wanda se vide de toute son énergie vous devrez recommencer à zéro et déclencher à nouveau le script pour éliminer le boss.
Pas qu’un simple boss rush, Shadow of the Colossus se démarque encore aujourd’hui de par les chemins à emprunter pour découvrir la planque de ces malheureuses bébêtes. Chacune vivant dans son coin et menant son petit train train quotidien, c’est grâce à votre épée que vous pourrez dénicher les colosses. En effet, cette dernière alimente un faisceau lumineux vous indiquant la route à suivre qu’elle soit sinueuse ou non. Sans trop en dévoiler, c’est à vous de faire votre petit bout de chemin, d’explorer les différentes zones en compagnie d’Agro. Sur ces routes, vous aurez la possibilité d’améliorer les capacités physiques de ce cher Wanda épais comme un céteau. Ainsi, c’est en récupérant des fruits ou des queues de lézard que vous deviendrez plus résistants.
Un ami qui vous veut du bien
Il faudrait de la mauvaise volonté pour trouver un réel problème à ce Shadow of the Colossus tant l’œuvre était en avance sur son temps. Pour ne pas rendre copie blanche et montrer que nous sommes des insatisfaits de la vie, il est vrai que de gros soucis de caméra sont à noter. Caméra plutôt libre qui n’hésite pas à devenir votre ennemi lors d’ascension sur les colosses. Rien de surprenant puisque le problème technique devient récurrent avec les œuvres d’Ueda. Créant une mauvaise visibilité, il arrive que Wanda saute dans le vide sans pouvoir s’accrocher correctement. Transition parfaite puisque des problèmes sont visibles et se ressentent en main lors des séances d’escalades. Néanmoins, rien de très dérangeant puisqu’il est facile d’atteindre son objectif une fois la voie tracé et de replonger la tête la première dans ce récit culte.
C’est heureux que l’on commence Shadow of the Colossus, merveilleux d’y jouer, fantastique de l’écouter, mais c’est aussi tragique de le finir. Resplendissant à bien des niveaux, Bluepoint Games n’a pas mâché ces mots en précisant que le jeu serait techniquement refaite de A à Z. Il n’est que plus impressionnant de constater le travail et les efforts effectués. Le titre d’Ueda reste ainsi un classique qui traverse les époques et qui ne devrait laisser personne indifférent. Plaute à dit un jour : « Plus l’ami est ancien, meilleur il est ». Il avait raison ce Plaute, Shadow of the Colossus est bien meilleur maintenant qu’il ne l’était autrefois.