Parvenant à gagner sa place auprès du public occidental depuis quelques mois, la franchise Yakuza n’a pas laissé de répit à notre chère PlayStation 4 au point d’y retrouver le Dragon de Dojima pour une quatrième aventure en l’espace de deux ans. Si le pari est plutôt osé de la part de SEGA qui, en si peu de temps, ne craint pas l’apparition d’une soudaine indigestion chez les joueurs occidentaux ; il est nécessaire de s’essayer à Yakuza Kiwami 2 afin de savoir s’il est temps pour Kazuma Kiryu et les lumières de Kamurochô de s’éteindre…
À Osaka, mangez jusqu’à ce que vous vous écrouliez
Si l’Occident doit beaucoup à l’épisode Zero, Yakuza Kiwami 2 est la récompense pour tous ceux qui ont répondu présent à la sortie d’un nouvel épisode de la célèbre franchise nippone. Là où un jeu étranger pouvait mettre des plombes avant d’arriver sur nos PlayStation 2, les Japonais ont finalement décidé de ne plus laisser l’Occident de côté afin de gagner d’avantage de pactole. Cependant, le marché est de plus en plus difficile… Si la bouillabaisse a le goût d’une fondue japonaise au poisson, le jeune joueur occidental ne tentera jamais l’expérience venu au-delà de ses frontières. Il est donc remarquable de voir comment SEGA a réussi à relever la voile pour permettre à la franchise de naviguer en eaux calmes et accoster sur nos terres.
Écrivant ses mots, il est drôle de voir à quel point, j’ai du respect pour la série Yakuza. En effet, la franchise n’aura jamais connu le calme dans son processus de création au point de toujours devoir repousser les limites instaurées par le premier épisode, et ce, afin de ne jamais lasser le joueur japonais mais aussi occidental.
Yakuza 2 était initialement sorti sur PlayStation 2 fin 2008 chez nous, soit deux ans après sa sortie au Japon. Deuxième épisode sorti la même année qu’un certain GTA IV, Devil May Cry 4, Fables II, Fallout 3 ou encore Dead Space. Qui aurait voulu jouer à Yakuza 2 quand toute la concurrence occupe déjà les consoles nouvelles générations et fait par la même occasion rêver les gamers du monde entier. C’est à partir de ce moment que Yakuza perdra ses sous-titres français étant encore plus réfractaire à l’idée de se soumettre au marché occidental. La suite, nous la connaissons… Yakuza Kiwami 2 est sorti… Devenant ainsi l’un des remakes les plus solides et excitants de ces dernières années, mais aussi un jeu que la majorité ne connaisse pas.
Nous retrouvons donc notre yakuza vêtu, comme toujours, de sa chemise violette se mariant parfaitement à son gilet gris n’hésitant jamais à exagérer sa corpulence. Ne trouvant pas de place dans son agenda pour des vacances amplement méritées, Kazuma Kiryu devra se rendre à Osaka, le pays des takoyakis, afin de proposer une trêve avec les yakuzas du Kansai puisque le leader du clan Tojo meurt des mains du clan Goruy. Voulant découvrir la vérité derrière cet acte sanglant, Kiryu sera confronté à la terrible colère de Ryuji Goda aka « Dragon du Kansai ».
Renouant avec le schéma classique d’un choc des cultures entre deux légendes de l’Est et de l’Ouest ou plutôt du Kanto et du Kansai, Yakuza Kiwami 2 met également en avant des thématiques comme les liens du sang, du cœur, mais également du partage et de l’entraide entre classe sociales.
Sans jamais être redondant, les scénarios de Masayoshi Yokoyama ont la particularité de toujours tenir en haleine le joueur grâce à une force et une maîtrise du sujet ainsi qu’à un nombre de rebondissements des plus appréciables qui donneront presque l’impression d’être face à la fin d’une saga, d’une épopée. La fin d’une légende.
L’angine du Dragon
Toujours à l’écoute de sa communauté, il était essentiel pour SEGA de changer le moteur graphique de sa licence. Amorcé avec Yakuza 6, le Dragon Engine fait des merveilles sur ce Yakuza Kiwami 2. Déjà acceptable dans le sixième et dernier opus de la saga, le moteur donne un joli coup de neuf à la carcasse qu’est Yakuza 2. Jamais un épisode n’aura été si agréable à regarder… L’ambiance et les jeux de lumière participent à la réussite de ce remaster tant il est agréable de se perdre plusieurs minutes, observer, écouter et surtout flâner rappelant ainsi les plus belles heures de Shenmue 1 et 2.
Autre point important, si la carte de Kiwami 2 ne concourt pas dans la catégorie des « mondes ouverts toujours plus grands et vides », elle appartient, néanmoins à celles qui sont les plus agréables et riches visuellement. L’ambiance de Kamurochô atteint des sommets et les quartiers d’Osaka permettent d’enrichir ce sentiment de « vie » et « d’imprévus » que la série peinait à renouveler avec les précédents opus. Comme dit plus haut, une carte réduite à son importance puisque ce remaster fourmille de détails et d’événements en tout genre qui viendront vous surprendre lors de vos petites promenades.
Si le moteur reste le même que Yakuza 6, il sera aisé de sentir le progrès effectué et l’aisance qu’ont les développeurs à produire désormais des environnements compacts, mais reposant sur un écosystème solide où chaque passant profite de la vie. C’est avançant, le sourire aux lèvres, heureux de retrouver cette saga dotée d’une toute nouvelle carrosserie que la simple idée de jouer en 30 i/s ne vient en aucun cas interrompre mon plaisir de plonger la tête la première dans l’ambiance nocturne et suave de ce Kiwami 2.
Chien enragé
Yakuza Kiwami 2 ne se contente pas seulement d’hériter du moteur de Yakuza 6, il délaisse les mécaniques des anciens épisodes afin de perfectionner celles instaurées par The Song of Life. Si Yakuza est connu pour la reconstitution de ses quartiers ou bien pour son histoire, la licence reste méconnu pour son exagération poussive par le biais de combats endiablés où vélo, panneaux voltigent à tout-va. Car si Kiryu possède un charisme sans faille, il possède également une force surhumaine qui lui permet de tout saisir afin de se débarasser des adversaires les plus coriaces. Adieu les différents styles de combats puisque ce remaster se contente de pousser un peu plus loin la recette de Yakuza 6.
Désormais, un seul style réunira la palette de coups du Dragon de Dojima laissant la part belle aux armes que vous pourrez vous procurer lors de votre périple. En passant par le menu, vous pourrez placer des armes (pistolets, couteaux ou sabres) sur des raccourcis vous permettant en plein combat de sortir rapidement votre attirail par une simple pression sur les gâchettes. Attention, chaque arme ne pouvant durer éternellement, il faudra les user avec parcimonie et sortir vos plus beaux « bijoux » lors de combats difficiles afin de prendre un avantage certains sur vos adversaires.
En plus de ces nouvelles mécaniques, nous pouvons toujours améliorer notre yakuza en passant par l’arbre de compétences qui débloquera de nouveaux coups, mais aussi des parades et esquives qui gagneront en vitesse.
Il est toujours question de se soigner grâce aux boissons stamina et toughness présentes dans le menu en coupant le rythme des combats. Regrettable également de voir, après tant d’années, ce même temps de latence entre chaque début et fin de combats qui viennent eux aussi couper le rythme de vos promenades. Cependant, il est à noter que le jeu possède très peu de temps de chargement et il est maintenant agréable de passer d’un bâtiment à la rue sans temps de chargement.
Si ce remaster ne renie jamais le parcours accompli depuis le premier épisode en 2005, il ne cesse d’apporter de nouvelles petites choses qui ont leur importance dans le rendu final du titre. C’est aussi le bon moment pour voir que Kazuma reste toujours aussi lourd dans les déplacements et les combats après toutes ces années. En effet, alterner entre la posture de défense et d’attaque vous demandera un peu d’entraînement si vous ne voulez pas recevoir le moindre coup dans votre dos. Il est finalement toujours question de timing lors de ces affrontements se réduisant souvent à un spectacle de Heat Action où votre Extreme Heat, jauge qui se remplit petit à petit, vous permettra de déchaîner la fureur du Dragon. Les développeurs ont donc laissé une grande place aux QTE lors des sanglants finish moves de votre héros.
Le temps, c’est de l’argent
Repartie autour de 16 chapitres, l’histoire principale de Yakuza Kiwami 2 est parsemée de nombreuses quêtes annexes toutes plus loufoques les unes des autres. Flâner aux bornes SEGA, chanter dans les karaokés, inviter les filles et faire plus amples connaissances ainsi que mettre la balle au fond du trou lors de sessions de baseball… Kiwami 2 maintient la richesse de la série en permettant aux joueurs de se perdre dans une multitude de mini-jeux et quêtes secondaires qui viendront profondément rallonger la durée du vie du titre avoisinant ainsi la trentaine d’heures.
Pour finir, ce nouvel opus vous mettra dans la peau de Goro Majima le temps de quelques chapitres permettant de faire le lien entre Yakuza Kiwami et Yakuza Zero. Si les situations ne sont pas forcément croustillantes il est toujours plaisant de voir que SEGA traite avec soin l’histoire de Majima là où d’autres développeurs se seraient contentés de larguer un simple DLC qui aurait pu se réduire à une simple cinématique.
Yakuza Kiwami 2 s’impose comme le titre le plus complet et riche de la saga. S’il n’est pas exempt de défauts liés en majeur partie à une prise en main parfois rigide et une caméra qui a tendance à partir n’importe où dans les endroits confinés, ce nouveau remaster reste le meilleur moyen pour quiconque aimerait plonger dans le périple de Kazuma Kiryû. Plus beau, plus dense, SEGA offre une nouvelle vision de Yakuza 2 qui saura ravir les néophytes comme les fans. Délivrant un jeu solide, il serait regrettable de passer à côté de cette expérience maîtrisée de bout en bout qui transpire la bienveillance.
[amazon_link asins=’B07BQJPNZG,B0751L28S9,B0753PRB56′ template=’ProductCarousel’ store=’actiwanet-21′ marketplace=’FR’ link_id=’6866f5cb-b045-11e8-95ae-4d03cd8547e7′]