Phobia Game Studio nous propose, aux côtés de Devolver Digital, le jeu Carrion. Un titre “reversed-horror”, où l’on incarne soi-même l’horreur. En effet, le but ici est de contrôler une créature alien et difforme (un peu comme dans le film Life de Daniel Espinosa) et de tout tuer sur notre passage. Le test fut intéressant à faire car le concept ainsi que le gameplay sont originaux. Pour info, j’y ai joué via le Xbox Game Pass sur PC avec le combo clavier/souris… On y va ?
L’histoire et la narration de Carrion
Pour une fois, on va débuter par la partie histoire et narration. Carrion vous met donc dans la peau d’une petite créature extra-terrestre manifestement très forte, qui arrive à détruire sa cage et à s’enfuir. S’ensuit alors une exploration au travers d’un complexe futuriste où l’on dézingue tout le monde sur son passage, dans l’espoir de retrouver la liberté. Simple, efficace. Si vous avez déjà vu un film d’horreur ou un film de science-fiction, le jeu vous met alors dans un contexte et un décor que vous connaissez déjà et dans lequel il est facile de rentrer. On imagine alors assez bien ce qui a pu se passer, et ce que les humains peuvent ressentir à chaque instant.
C’est là la force et l’originalité de Carrion : On a du mal à savoir ce que la créature a dans la tête, bien qu’on la contrôle. Par contre étant nous-même humain, on imagine parfaitement ce que “les ennemis” ont dans le crâne. C’est quelque chose qui créé un décalage intéressant. En tout cas c’est un titre qui rappelle volontiers les ambiances viscérales de Dead Space, qui n’a pourtant rien à voir.
Le jeu nous propose un peu de narration à travers quelques flashbacks depuis le point de vue d’êtres humains. Carrion propose aussi deux fins (“bonne” et “mauvaise”), mais j’en dirais pas plus. Le tout dispose d’une durée de vie comprise entre 4h et 6h en fonction de comment vous jouez. Ne vous attendez pas à un titre très long.
Du pixel-art 2D classique mais efficace
Carrion nous propose une direction artistique aussi cradingue que réussie. Graphiquement, le jeu ne surprend pas, il s’agit de pixel-art assez classique avec des effets de lumières sympas. Là où le jeu attire l’œil c’est surtout dans l’animation et le design de sa créature. Elle se déplace vite, en s’accrochant partout avec ses tentacules. C’est le plus gros intérêt visuel du jeu sans aucun doutes.
Pour le reste, si vous avez déjà joué à un jeu pixel-art en 2D, vous serez pas perdu, ni spécialement surpris.
Carrion et son ambiance sonore
Carrion est un jeu qui n’est pas très bavare musicalement. Malgré tout, les musiques sont très bien composées, et fonctionne très bien avec le genre horreur. La plupart du temps vous entendrez des nappes aériennes pour créer une ambiance inquiétante. Parfois, l’orchestre s’énerve davantage et donne un peu plus de corps et d’intensité à l’ensemble.
Sinon, le design sonore du jeu est très réussi. La créature fait du bruit quand elle s’infiltre dans les conduits pour aller de zones en zones, ce qui alerte les gens autour qui se mettent à regarder partout, la peur au ventre. Si des humains la repèrent, soit ils attaquent, soit, ils prennent peur et partent en courant en poussant les cris les plus atroces de l’histoire. Bref un jeu réservé pour un public averti, vous l’aurez compris. Après tout, on a l’habitude avec les jeux signés Devolver.
Qu’est ce que ça fait d’être un monstre ?
On en arrive au plus intéressant : le gameplay. Carrion propose en effet, une manière de jouer assez originale puisqu’on contrôle une créature forte, imposante et très rapide.
Si vous jouez comme moi sur PC avec le combo clavier/souris, vous devrez diriger la créature à l’aide de la souris. On pointe une direction avec le pointeur, on clique et le monstre suit la direction du pointeur. C’est plutôt bien vu, car la créature peut se mouvoir avec aisance grâce à ses tentacules. La simplicité de l’action du joueur est donc parfaitement en adéquation avec cette idée. De plus, la créature peut adopter plusieurs tailles, chaque taille permettant différentes capacités. Le joueur pourra passer de l’une à l’autre en laissant ou en récupérant un peu de sa matière dans des zones aqueuses prévues à cet effet. Plus la créature est grosse, plus on sent qu’elle est difficile à trimballer dans les conduits du complexe.
En tout cas, le titre se présente comme un genre de metroid-vania. En effet, toutes les zones du complexe sont inter-connectées et seules certaines sont accessibles au début. Il va falloir visiter pour étendre son territoire explorable et pour débloquer des capacités qui permettront l’accès à de nouvelles zones.
Enfin le complexe a son lot d’énigmes, assez simples au passage, qui vous demanderont d’utiliser les capacités du monstre à bon escient. De plus, si vous aimez finir vos jeux à 100%, sachez qu’il y a quelques “collectibles” à trouver. Vous les débusquerez, pour la plupart, dans les anciennes zones en utilisant de nouvelles capacités.
Carrion : en conclusion
Le nouveau jeu de l’éditeur Devolver Digital, développé par Phobia Game Studio est donc un OVNI intéressant. Il s’agit clairement pas d’un jeu incroyablement marquant, mais le voyage vaut le détour tant le concept est original. Rares sont les titres qui nous ont permis de jouer un monstre dépourvu de morale. Alors si vous avez comme moi le Xbox Game Pass, alors foncez ça vaut le détour. Sinon il vous coûtera 20€ sur Switch ou Steam par exemple, ce qui est raisonnable vu la longueur du jeu.