Interpellés par la décision de l’OMS de faire de l’addiction aux jeux vidéo une maladie mentale, nous sommes allés enquêter. C’est le psychologue Yann Leroux, notamment connu pour son livre “Les Jeux Vidéo ça rend pas idiot” qui à répondu à nos interrogations. Passionné par les loisirs numériques et docteur en psychologie, ce professionnel reconnu dispose de l’expérience et de la connaissance nécessaire pour éclairer nos lanternes. Type de traitements mis en place, influence du lobbying et autres sujets brûlants sont au menu de cet interview XXL qui s’attache à décortiquer les décisions de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Pour commencer pouvez vous nous expliquer ce qu’est une maladie mentale ?
Yann Leroux : Une maladie mentale est une condition qui affecte durablement et de manière significative le fonctionnement d’une personne dans le domaine de la pensée, des émotions ou des relations interpersonnelles. Elle est toujours le résultat de causes multiples qui sont biologiques, psychologiques et sociales.
Le jeu vidéo peut il être une addiction ?
Yann Leroux : Les addictions aux substances psycho-actives ou aux comportements sont définis dans la CIM-11 comme des troubles mentaux et du comportement qui se développent principalement à la suite d’utilisation de substances psychoactives.
Les addictions comportementales ne comportaient que le trouble de jeu pathologique. Les personnes qui présentent ce trouble sont bien connues des psychologues. Il s’agit de joueurs qui dépensent des sommes importantes dans des jeux d’argent et de hasard ce qui les conduit lentement mais sûrement vers la ruine. Le trouble du jeu pathologique était classé dans les troubles du contrôle de l’impulsion et a été déplacé dans la nouvelle catégorie des addictions comportementales. L’idée qui préside à ce changement est que que n’importe quel comportement peut devenir une addiction s’il se produit dans certains conditions
Au moment de ce changement, les éditeurs du DSM-V (ndls: le DSM-V la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie),auraient pu mettre les jeux vidéo dans cette nouvelle catégorie. Mais ils ont sagement choisi de placer le Trouble du Jeu Vidéo en Ligne (’Internet Gaming Disorder) dans les annexes parce que les données issues de la recherche n’étaient pas suffisantes pour déterminer la réalité de ce trouble. Ce “Internet Gaming Disorder”
Cinq ans plus tard, l’OMS décide de placer les jeux vidéo dans les addictions comportementales. Les éditeurs de la CIM-11 ne tiennent donc pas compte de la réserve du DSM-V ni des avertissement lancés par la communauté de chercheurs et de clinicien. Ils créent un “Gaming disorder autour de trois critères : 1) la perte de contrôle sur le jeu ; 2) la priorité donnée au jeu sur les autres activités et 3) la poursuite du jeu malgré les conditions négatives.
La définition des troubles liés aux jeux vidéo semble délicate non ?
Yann Leroux : La définition du “gaming disorder” par l’OMS pose plusieurs problèmes. Tout d’abord elle est un affaiblissement considérable par rapport à ce que l’on entend par addiction. Lorsque l’on compare la définition de l’OMS aux (très nombreuses) définitions données à l’addiction aux jeux vidéo on est frappé par son appauvrissement. L’OMS ne garde que les critères les moins discutés (la saillance, la perte d’intérêt pour les autres activités) et ceux qui font consensus (, la perte de contrôle et le jeu malgré les conséquences négative). Les autres critères sont escamotés. On ne trouve aucune trace de la tolérance et du sevrage qui sont traditionnellement des marqueurs forts de l’addiction. La tolérance correspond au fait que la personne doit exécuter plus fréquemment le même comportement pour avoir le même plaisir. Le sevrage correspond à l’expérience de malaise ressentie par la personne lorsque le comportement n’est pas réalisé
La définition du trouble est encore très incertaine puisque on ne sait pas s’il s’agit d’un trouble en soi, ou d’un sous groupe de l’addiction à l’Internet, de conséquences d’un trouble préexistant ou de mécanismes de coping et d’ajustement. La prévalence du trouble est inconnue, tout comme les mécanismes qui conduisent à une
addiction. On n’a pas non plus d’instrument de mesure du trouble qui fasse consensus. Les interactions avec les pathologies préexistantes sont inconnues. On ne sait même pas quels
sont les jeux vidéo concernés
L’addiction aux jeux vidéo est un trouble curieux puisque c’est une maladie dont on ne souffre pas. Des chercheurs ont en effet trouvé que le Trouble du Jeu Vidéo en ligne n’affecte pas négativement la vie des joueur (WEINSTEIN, PRZYBYLSKI et MURAYAMA, 2017).
L’addiction aux jeux vidéo est un trouble inutile. En effet, il n’est pas possible de discerner les personnes qui présentent un trouble effectif et celles qui sont tout simplement passionnés et qui doivent, parfois, faire avec les conséquences négatives d’une passion. Pourtant, les mécaniques d’un Candy Crush Saga, d’un Fortnite ou d’un World of Warcraft sont différentes. On est aussi dans l’obscurité en ce qui concerne le profil des addicts aux jeux vidéo. Qui sont ils ? Quels sont leurs traits de personnalité ? Dans ce contexte dire que les connaissances actuelles permettent d’établir un trouble de l’addiction aux jeux vidéo est platement faux.
Il n’y a pas non plus de consensus autour de la notion d’addiction aux jeux vidéo. La question est plus que largement débattue. Des psychothérapeutes et des chercheurs ont écrit une lettre ouverte a l’OMS demandant a ce que les jeux vidéo ne soient pas versés au répertoire des addictions comportementales.
La création d’un Internet Gaming Disorder dans les annexes du DSM-V a été durement critiquée, parfois par des promoteurs de l’addiction aux jeux vidéo En France, des sociétés savantes comme l’INSERM ou l’Académie des Sciences et des psychothérapeutes se sont montrés très réservés par rapport l’idée d’une addiction aux jeux vidéo en mettant en avant que l’excès et les usages compulsifs ne sont pas des critères d’addiction.
Tout cela amène à penser que s’il fallait donner une étiquette à l’addiction aux jeux vidéo, “fausse psychologie” serait parfait. En effet, malgré vingt ans de recherches l’addiction aux jeux vidéo repose plus sur de vagues analogies que sur des privés scientifiques.
Pouvez nous nous expliquer pourquoi l’OMS a créé ce trouble ?
Yann Leroux : L’OMS affirme que la création du Trouble du jeu vidéo est basée sur les connaissances scientifiques et un consensus des experts. Elle affirme que l’inclusion de ce trouble facilitera l’accès aux soins de personnes, rendra les professionnels plus conscients du risque de développer ce trouble.
Malheureusement, ce n’est pas exact. Tout d’abord, les connaissances scientifiques qui documentent l’addiction aux jeux vidéo ne sont pas sur la table. 20 années d’études n’ont permis de dresser qu’une cartographie très incomplète et insuffisante de l’addiction aux jeux vidéo.
Pour ce qui est de la sensibilisation des professionnels, la création d’un nouveau trouble ne rend pas ce service. Les professionnels sont par exemple sensibilisés au fait qu’il faille prendre en compte la culture des patients sans qu’il ait été nécessaire de créer un trouble de l’origine étrangère.
Quelles sont les véritables motivations de l’OMS pour la création de ce trouble ?
Yann Leroux : Les motivations de l’OMS sont probablement pas celles qui sont mises en avant. Des chercheurs ont fait état de pressions de la Chine pour l’inclusion de ce nouveau trouble. Il est aussi possible que certains professionnels y voient une occasion de développer leurs affaires et aient fait un travail de lobbying auprès de l’OMS.
Associer les jeux vidéo à une maladie mentale va t il impacter négativement l’image des jeux vidéo dans le public ?
Yann Leroux: Les medias contribuent largement à donner une image négative des jeux vidéo en les présentant comme des coupables idéaux selon la belle expression d’ Olivier Mauco. Ils sont associés aux fusillades de masse, au terrorisme et maintenant à l’addiction.
La création de ce trouble risque de donner encore plus de traction à la panique morale sur les jeux vidéo puisque ce sera bien la “preuve“ que les jeux vidéo sont la cause de problèmes Cela amènera les parents et les proches du gamer à sur-réagir et à mettre en place des réponses inappropriées. Un autre effet négatif de ce “gaming disorder” est de donner une image fausse de l’addiction. On sait que les joueurs les plus excessifs peuvent changer sans trop de difficulté leurs habitudes de jeu. Les cocaïnomanes et les joueurs pathologiques n’ont pas cette chance.
Quels sont les types de traitements qui peuvent être proposés à un diagnostiqué “addict aux jeux vidéo” ?
Yann Leroux : Des traitements médicamenteux (méthylphénidate et bupropion) à des personnes qui ont reçu le trouble de l’addiction aux jeux vidéo en ligne tel qu’il est défini par le DSM-V . Les médicaments utilisés sont aussi ceux qui sont données pour le traitement de l’hyperactivité ce qui laisse penser que ces deux troubles se superposent largement. . L’addiction aux jeux vidéo ne serait donc pas une nouvelle maladie mais une tentative d’automédication que les enfant hyperactifs se donneraient.
La psychothérapie comportementale et cognitive à été utilisée avec des joueurs de jeux vidéo. Le but du traitement était d’aider le patient à prendre conscience des ressorts psychologiques qui déterminent son temps de jeu. Étonnement, un traitement à base de psychothérapie en ligne à aussi été proposé.
En Chine et en Corée du Sud les gamers ont été traités dans camps spéciaux. Mais les conditions de vie y étaient si dure que certains ont été fermés à la suite de plaintes pour maltraitance. Dans un cas, les mauvais traitements étaient si important qu’une personne est morte.
Aux USA l’addiction aux jeux vidéo sont pris en charge par les les programmes des American Addiction Center comme des troubles du contrôle de l’addiction. Il existe aussi des cliniques comme ReStart traitent l’addiction aux jeux vidéo pour quelques milliers de dollars. Il n’existe pas a ma connaissance de clinique pour le traitement de l’addiction aux jeux vidéo en Europe. En 2008, Keith Bakker a fermé le centre de désintoxication qu’il avait ouvert pour les gamers. Son expérience de 18 mois l’a amené a conclure qu’il s’agissait plus de problèmes d’éducation que d’addiction.
En France, en mai 2008 Michael Stora a annoncé l’ouverture d’un centre de recherche et de traitement qui n’a jamais vu le jour. Il existe quelques consultation en addictologie reçoivent des patients qui sont identifiés comme addicts aux jeux vidéo. Mais la quasi absence de publications ne permet pas d’avoir une vision d’ensemble sur le travail effectué.
Quels sont donc concrètement les bienfaits et les méfaits des jeux vidéo ?
Yann Leroux : Les jeux vidéo ont été associés à des éléments positifs dans les sphères de la cognition, de la vie émotionnelle et des relations sociales. Les jeux vidéo sont des soutien intéressants dans le contexte de l’adolescence car ils offrent des points d’identification. Ils sont banalement des activités sociales qui permettent de nourrir les relations sociales. De fait, les chercheurs ont trouvé que les jeux vidéo peuvent être utilisés pour renforcer les liens familiaux ou amicaux et sont associés a des facteurs de bonne santé mentale. Au niveau des éléments négatifs, des liens ont été notés avec l’obésité, des troubles visuels, le syndrome du canal carpien. Avec l’avènement des consoles qui utilisent des contrôleurs qui en encodent le mouvement (Wii, Kinect, PlayStation Move) quelques cas de fracture ont été rapportés . Des recherches ont également trouvé une relation entre les jeux vidéo (FPS) l’agression, l’hostilité, et une réduction de l’empathie.
La chose importante à retenir est que les études montrent très rarement un lien direct entre l’utilisation des jeux vidéo et un comportement et une compétence. Les seules relations directes ont été rapportées dans le domaine cognitif. Les personnes qui jouent aux FPS sont manipulent plus facilement des images en trois dimension. Finalement la recherche rappelle que les jeux vidéo sont des média. Ils sont des propositions que la personne utiliser dans son propre développement. Par exemple, une personne déprimée peut utiliser massivement les jeux vidéo ce qui peut avoir pour effet de l’aider à sortir de sa dépression. Mais l’effet inverse peut aussi être observé puisque le temps passé à jouer est un temps qui sert à mettre entre parenthèse les actions qui permettraient de trouver des solutions à la dépression.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Découvrez aussi le blog de Yann Leroux.
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Pargonis
Un article particulièrement intéressant à lire et un sujet plutôt bien traité . C’est appréciable d’avoir le point de vue de professionnels qui s’intéressent de près au média en question. Yann Leroux en plus est bien connu pour ça et pour la clarté de ses explications sur le sujet.
D’un point de vue personnel, je pense qu’on peut parler d’une forme d’addiction au jeu vidéo, mais au même titre qu’on peut le considérer pour chaque passion ou loisir intensif dans lequel on peut s’enfermer pour fuir ses problèmes et son mal être. Donc en réalité je comprends pas vraiment l’intérêt de la distinction particulière du jeu vidéo comme trouble, une addiction peut être ressentie vis à vis de n’importe quoi finalement. Et bien que différent d’une addiction à une substance chimique, il y a tout de même un dénominateur commun : pour traiter toutes formes d’addictions, un suivi psychologique est nécessaire. Un individu qui consomme des drogues, lutte autant contre une dépendance physique que psychologique, car cette même consommation se révèle bien souvent être la conséquence d’une détresse personnelle.
Sachant donc que la résolution de ce trouble, passe aussi nécessaire par un suivi psychologique du patient, pourquoi donc distinguer le jeu vidéo, ormis pour cherhcer une cible facile et favoriser certains lobby comme on le lit dans cet article ?
Ce que Leroux dit souvent à travers son blog, et dans cet interview y compris, c’est que le jeu vidéo, n’est pas le trouble lui même, mais bien un symptôme, une conséquence d’une forme de détresse psychologique et c’est cette cause qu’il faut traiter, et non le comportement qui en découle. Ce qu’on comprend en lisant ses propos, c’est que le jeu vidéo constitue une forme de remède, une réponse par automédication de notre esprit face à ses propre souffrances, au même titre que les personnes qui ont le malheur de sombrer dans l’alcoolisme ou autre.
Paul
Merci pour cet article de qualité, ça me permet de découvrir votre site.
Si je peux ajouter quelques compléments, cette “maladie” est récente, même très récente et actuellement il n’existe pas de certitudes concernant la violence et les jeux vidéos. Les recherches et la littérature scientifiques abreuvent dans les deux sens. Aujourd’hui, les scientifiques ne savent pas.
Des chercheurs en neurologies Suisse (équipe du professeur Bavelier) s’intéressent grandement au phénomène d’attention qui semble plus développé chez les joueurs de FPS, jeux d’actions ou pratiquant la macro et micro économies dans les jeux vidéos. Il y’a quelques années, les chercheurs pensaient que l’être humain était capable de suivre 4 objets (+ ou -1) en même temps, ces joueurs peuvent arriver à en suivre jusque 9.
Ce que je remarque par contre, c’est que durant la période d’adolescence, certains jeunes construisent l’estime d’eux même dans les jeux vidéos. A la question, quels sont les événement positifs de cette dernière année, j’ai souvent des retours du style j’ai été plusieurs fois top100 sur Fortnite, j’ai passé la mi saison Master sur LoL ou ce genre de réponse. Et IRL des événements positifs? “pas de réponse, puis cela vient au compte goutte et le jeune repart très vite sur le monde vidéoludique”
Pour finir, étant ancien dépendant aux jeux vidéo, ou plutôt ayant eu un comportement addictif aux jeux vidéo, je peux affirmer que dans mon cas il y’a eu phénomène et de tolérance et de sevrage. Et qu’il m’a fallu beaucoup de temps (pratiquement 10ans) pour sortir de cette addiction malgré la quantité de psy que je suis allé voir.
Je ne leur jette pas la pierre mais sincèrement, appliquer la même méthode que pour l’addiction à l’alcool, au tabac, ou drogues dures ça ne fonctionne pas et j’espère sincèrement que cette position de l’OMS permettra aux professionnels de se former à cette pathologie spécifique.
Paul
Alain
Bonjour,
Je lis l’article avec intérêt, et votre commentaire également. Je suis aujourd’hui confronté au comportement addictif de mon fils aux jeux vidéos, et ne sais plus trop comment l’aider. Le jeu ne me dérange pas en tant que tel, mais les mensonges constants, les vols, l’absence de contrôle, le lâcher de toutes les activités qui ne sont pas le jeu ainsi que les réactions de crise lors de la supression du jeu m’inquiètent énormément. J’ai essayer de restreindre les heures de jeu, ce qui fonctionne (mon fils n’a ni le mot de passe de l’ordi ni celui de la session de jeu), mais le pousse à être toujours plus inventif pour pouvoir jouer quand même. La dernière invention en date : créer un faux profile “invité” aux mêmes couleurs/images que le standard bloqué par mot de passe, pour pouvoir jouer la nuit quand je dors… Inventer de fausses douleurs pour rater l’ecole et pouvoir jouer (mon fils a reussi à embobiner son autre parent) fait aussi partie des comportements observés. Il a lâché le sport, et il n’y a plus que le jeu et les stratégies pour pouvoir jouer hors de ma permission. Je dois être constamment vigilent. Après l’avoir trouvé à jouer la nuit et avoir constaté que ce n’etait pas la première fois de la semaine, et constaté l’ecole manquée, j’en suis venu à la conclusion qu’un sevrage clair, net et definitif etait peut être la solution. J’avais jusqu’à présent laissé des heures de jeu le weekend sachant que beaucoup de ses camarades jouent, et que socialement, à l’école, ne pas jouer du tout est compliqué. Il a eu des comportements à risque également, et son estime de lui est à la cave. Pourtant… c’est un ado brillant quand il veut, et qui a dans ses mains tout pour réussir. Le mal être qu’il a n’est, je crois, pas aidé mais aggravé par le jeu (fortnite).
Comment avez vous fait pour vous en sortir? J’ai mis en place une aide professionnelle non specifique addiction, mais à mon avis c’est plus une bequille qu’autre chose.
Qu’avez vous fait pour vous sortir de là?
Je vous souhaite une bonne journée
Odin
Bonjour Alain, vous pouvez vous adresser directement à Yann Leroux (psychologue interviewé dans cet article) depuis la page de contact de son site.
http://www.psyetgeek.com/contact