C’était jusqu’ici un petit secret partagé entre joueurs malins.
Utiliser une intelligence artificielle comme ChatGPT pour optimiser ses quêtes, écrire des messages de guilde, ou même automatiser certaines actions dans les MMORPG.
Mais cette pratique, devenue courante dans plusieurs communautés, commence à attirer l’attention des éditeurs… et les premières sanctions sont tombées.
Des bannissements signalés dans plusieurs jeux en ligne
Depuis quelques semaines, plusieurs joueurs affirment avoir été bannis temporairement ou définitivement de jeux multijoueurs populaires après avoir utilisé des scripts ou des outils basés sur ChatGPT.
Sur Reddit, Discord et Twitter, les témoignages se multiplient :
- Un joueur de Final Fantasy XIV raconte avoir été exclu 72 heures pour « comportement automatisé » après avoir utilisé l’IA pour répondre automatiquement à des messages de groupe.
- Sur World of Warcraft, un autre affirme que son compte a été désactivé après avoir intégré ChatGPT à un add-on maison pour générer des builds d’arbre de talent.
- Même dans Guild Wars 2, certains utilisateurs rapportent des avertissements suite à l’utilisation d’outils IA pour résoudre des puzzles et dialogues à leur place.
Ces cas ne concernent pas tous une triche évidente, mais posent une vraie question : où se situe la limite entre assistance et automatisation interdite ?
Ce que disent les éditeurs : tolérance zéro pour l’automatisation
Blizzard, Square Enix, NCSoft et d’autres studios ont déjà des chartes d’utilisation très strictes sur les logiciels tiers.
En général, ces règles interdisent :
- les programmes qui simulent l’activité du joueur (bots)
- les outils qui altèrent le fonctionnement du jeu
- ou tout service externe non autorisé qui donne un avantage injuste
Or, une IA comme ChatGPT peut entrer dans chacune de ces catégories, selon l’usage.
Même si l’outil n’est pas intégré directement au jeu, son impact sur le gameplay peut suffire à justifier une sanction.
Certains studios vont même plus loin, considérant la simple utilisation d’IA pour « jouer à sa place » comme une forme de triche déguisée.
Vers une guerre entre IA et modération ?
La montée en puissance de l’IA générative dans le monde du jeu vidéo ne fait que commencer.
Des joueurs l’utilisent déjà pour :
- écrire des messages RP complexes
- résoudre des énigmes ou traduire des langages fictifs
- générer des scripts de combat dans les MMO
- créer des assistants vocaux personnalisés pour interagir avec l’interface
Mais ces usages, s’ils facilitent la vie de certains, remettent en cause l’équité des mécaniques de jeu, surtout dans les titres compétitifs ou communautaires.
Certains développeurs craignent que les MMO deviennent des espaces « semi-automatisés », où ceux qui maîtrisent les outils IA ont un net avantage, au détriment des autres.
Une nouvelle frontière à surveiller
Les bannissements liés à l’usage de ChatGPT ou d’autres IA ne sont sans doute qu’un début.
De plus en plus de studios envisagent :
- des filtres anti-IA dans les canaux de discussion
- des outils de détection de réponses non humaines
- voire une interdiction explicite des assistants IA, même pour les tâches non compétitives
L’avenir des assistants IA dans les MMO reste flou.
Mais une chose est sûre : ceux qui comptaient sur ChatGPT pour gagner du temps ou tricher discrètement feraient bien de relire les conditions d’utilisation de leur jeu préféré.
